Fairyland, Alysia Abbott

Fairyland, Alysia Abbott

Fairyland, c’est Alysia in Wonderland. Un joli titre pour une jolie histoire, celle d’un d’amour fait de tendresse et de tolérance entre un père et sa fille dans le San Francisco des années 70. Avec trois bouts de ficelles, beaucoup de fantaisie et une affection sans faille Steve Abbott a réussi à créer pour sa fille un royaume enchanté, un univers magique rien qu’à eux en plein cœur d’un monde jusque là plein de légèreté mais sur lequel plane depuis peu l’ombre menaçante du sida. 

Les premières pages sont placées sous le signe de l’insouciance, Alysia vit une enfance radieuse, peut-être un peu dérangeante aux yeux de certains (mais il se trouve que ceux-là n’ont rien compris !), une enfance où elle côtoie sans sourciller les petits amis de son père mais aussi les artistes de la nouvelle gauche américaine et les écrivains de la Beat generation. N’oublions pas que San Francisco en ce temps-là  est la capitale du monde bohème et libertaire et cet esprit unique nous est traduit ici à travers les yeux d’une enfant, d’une adolescente puis d’une adulte. On suit ainsi la transformation de ce quartier mythique de Haight-Ashbury qui devient de moins en moins magique non seulement parce que la petite-fille grandie et devient plus lucide, mais aussi parce que le sida le transforme peu à peu en « route obscure et solitaire, hantée seulement par des anges malades » comme l’évoque l’auteur en citant Edgar Allan Poe.

À travers chaque mot, elle rend hommage à ce père pas comme les autres mais incroyablement aimant et qui a su lui offrir une enfance merveilleuse et lui permettre de construire la femme qu’elle est devenue.
Ce qui étonne tout de suite dans ce livre, c’est la capacité de l’auteur à mêler sans fausses notes ce témoignage intime avec l’étude socio politique d’une époque rongée par la maladie et les discriminations. Et tout cela sans tomber dans piège de la mièvrerie, sans nostalgie exagérée et surtout sans clichés (ce que je redoutais un peu avant de commencer). 
On ne peut pas s’empêcher d’éprouver une immense sympathie pour ces deux personnages hors norme et au final j’ai bien aimé cette lecture dont le thème est malheureusement toujours d'actualité. Par ailleurs, je viens de découvrir que Sofia Coppola comptait en faire un film, cela ne m’étonne pas et j’ai hâte de voir ça.


Une p'tite phrase au hasard : 

 - Pourquoi as-tu arrêté de pleurer ?
- J'ai changé la chaîne de mes émotions."

Quatrième de couverture : 1974. Après la mort de sa femme, Steve Abbott, écrivain et militant homosexuel, déménage à San Francisco. Avec sa fille de deux ans, Alysia, il s’installe dans le quartier de Haight-Ashbury, le centre névralgique de la culture hippie.
Là où Joan Baez a pris le micro dix ans plus tôt pour appeler à lutter contre la censure et en faveur de la liberté d’expression. Là où les représentants officiels de la Beat Generation – William Burroughs, Jack Kerouac, Allen Ginsberg, Lawrence Ferlinghetti, Neal Cassidy… – annoncèrent l’avènement de la révolution psychédélique. Steve Abbott découvre une ville en pleine effervescence dans laquelle la communauté gay se bat pour ses droits, il rejoint la scène littéraire de l’époque et fréquente cette génération de jeunes gens bien décidés à tout vivre, tout expérimenter. Commence pour le duo père-fille une vie de bohème, ponctuée de déménagements, de fêtes et de lectures de poésie à l’arrière des librairies. Alysia Abbott raconte son enfance alors que le virus du sida ronge peu à peu la ville.

Commentaires