Mon dernier continent, Midge Raymond

Mon dernier continent, Midge Raymond

Décidément, il semblerait que l’Antarctique soit un véritable club de rencontre, qui l’eût cru ? Pas moi en tout cas. Mais bon, après deux preuves par le livre, force est de constater que l’étude des manchots et autres pingouins a un second effet kiss cool plutôt inattendu… On trouve donc l’amour sur la banquise. Eh oui, pour briser la glace, enfilez votre tenue en Gore-tex, vos moufles et embarquez pour le dernier continent ! 
Le coup de foudre de Deb et Keller au pays des Adélie m’a fortement évoqué une de mes lectures récentes : La mémoire des embruns de Karen Viggers. On retrouve un peu les mêmes ingrédients dans les deux livres : une scientifique étudiants les oiseaux des glaces, un homme un peu (ou beaucoup) cabossé par la vie qui travaille sur la base plutôt dans le domaine logistique mais qui rêve de devenir chercheur, il devient son assistant et ♪ chabada bada. Drôle de coïncidence n’est ce pas ? A mon avis il y a un truc avec les pingouins, ils doivent produire un gaz à effet de coeur…. 

Belle transition pour évoquer l’autre sujet du livre : l’écologie. Midge Raymond ne parle donc pas uniquement d’amour. Ou alors pas uniquement de l’amour entre une femme et un homme. Non, elle parle aussi de l’amour pour la nature, de la passion dévorante que semble provoquer ce continent blanc qui a le pouvoir de transformer radicalement ceux qui s’en approchent. Bon, ça je veux bien le croire. J’imagine qu’on doit se sentir tout petit face à une telle grandeur. C’est la nature puissance 1000. Sauf qu’elle est aussi extrêmement fragile et que - c’est bien connu - c’est souvent des petites bêtes qu’il faut se méfier. Alors voilà, l’homme a beau se sentir (et être) tout petit face à ces icebergs, cet océan de glace, cette faune sauvage, c’est bien lui et uniquement lui qui est responsable de sa disparition progressive, c’est lui qui saccage tout, y compris quand ça part d’un bon sentiment. 

Tout ça c’est très bien, je ne peux que partager ce point de vue. Mais maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? Pour tout dire, j’ai trouvé ce livre un peu trop fleur bleue, c’est une gentille histoire d’amour qui surfe sur l’engouement actuel de la vague de glace. Ce n’est pas désagréable à lire, pas du tout, c’est fluide, léger et on se retrouve à la fin avant même d’avoir enlevé son bonnet. Par contre - à mes yeux - le reste est un décor, un joli décor certes, mais un décor seulement. En effet, concernant le message écolo, pardonnez-moi mais c’est d’une lourdeur ! J’aime bien quand les choses sont dites avec davantage de subtilité, j’aime bien qu’on puisse lire entre les lignes, je déteste qu’on me fasse la morale comme à une classe de maternelle, et ici on nous le serine depuis le début “Nous ne sommes pas les bienvenus en Antarctique”. Ça m’agace, vraiment ! On n’a pas besoin de se faire répéter toutes les 10 lignes que “c’est pas bien ce qu’on fait”, les livres ont justement le pouvoir de faire prendre conscience autrement, de distiller des idées profondes sans avoir besoin d’adopter ce ton. Se contenter de faire pleurer dans les chaumières sur le triste sort des bébés phoques, pingouins et cie n’a jamais mené bien loin et ne mènera jamais bien loin. L’auteur se sert de ce ressort pour dramatiser sa love story et c’est tout. D’accord c’est un choix aussi respectable qu’un autre, sauf qu’il faut arrêter de vouloir attribuer une autre dimension à ce livre et ne pas confondre le Cormoran de cette histoire avec le Rainbow Warrior. 
Ceci dit, j’ai apprécié le découpage narratif, cette manière de faire des aller-retour dans le temps en se rapprochant de plus en plus du noeud dramatique, même si on devine assez rapidement où l’auteur va en venir. Ça aussi c’est dommage d’ailleurs, je m’attendais à trouver une autre dimension au personnage de Keller notamment, je pensais qu’il aurait un autre rôle dans ce qui arrive à ce gros méchant paquebot. Je sais pas moi, un petit sabordage de derrière les fagots ou quelque chose du genre. Ça aurait pu ajouter un peu de sel sur la glace, un peu de noir sur ce blanc et donner un peu plus de consistance au message.

Pour conclure, je dirai que si vous avez envie de lire une belle et tragique histoire d’amour, c’est par ici que ça se passe. Pour le reste, à vous de voir.


Une p'tite phrase au hasard : 

" Ce n'est pas l'isolement qui me rend dingue, c'est la civilisation. "

Quatrième de couverture : Ushuaia, la fin du monde, le début de tout.
Deb et Keller se retrouvent chaque année au coeur des eaux froides de l’Antarctique pour étudier les manchots empereurs et les Adélie. Dans ce bout du monde entouré de glaciers et d’icebergs, ils oublient pour un temps les chagrins de leurs vies. Mais l’Antarctique, comme leur amour, est fragile et menacé.
Une nouvelle saison commence. Au moment de lever l’ancre, Keller n’est pas à bord du Cormoran, le bateau qui doit les conduire à la station de recherche. Peu après, le Cormoran reçoit un signal de détresse d’un paquebot de croisière prisonnier des glaces…
Midge Raymond nous entraîne dans un voyage inoubliable aux confins du continent blanc, territoire à la beauté âpre où le moindre faux pas peut s’avérer tragique.

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