Nager nues, Carla Guelfenbein

Nager nues, Carla Guelfenbein

Une petite anecdote pour commencer : c’est le deuxième roman édité par Actes Sud que je lis en quelques jours et il se trouve que le titre de celui-ci, Nager nues, colle parfaitement à la couverture du précédent, La fille des Louganis, où l’on voyait justement une fille nue en train de nager... Curieuse coïncidence. Ceci dit, les deux livres n’ont rien en commun, c’est juste une remarque que je me suis faite comme ça, en passant - et qui ne présente qu’un intérêt limité, je vous l’accorde ;)

Carla Guelfenbein nous livre ici un joli roman dont j’ai vraiment apprécié la lecture même si à ce jour (soit quatre jours et un livre plus tard) je n’ai pas grand chose à en dire.
Nager nues, c’est l’histoire d’une relation triangulaire : une fille, son père, l’amie de la fille. Cette dernière devient la maîtresse du père (pas de syndrome Lolita, non, Morgana a une petite vingtaine d’années quand tout commence). La relation est d’abord secrète mais, évidemment, ce genre de truc ne reste jamais caché bien longtemps (surtout que Morgana tombe enceinte, bonjour la discrétion). Bref, Sophie, la fille, boude et quitte le pays. Raconté comme ça, ça casse pas trois pattes à un canard n’est-ce pas ?

Néanmoins, le roman est captivant pour deux raisons : tout d’abord par l’évocation en toile du fond du Chili, ce pays alors à l’aube de l’une des pages les plus sombres de son histoire, le coup d’état du 11 septembre 1973. Le gouvernement du président (démocratiquement élu) Salvador Allende est renversé par un coup d'État militaire dirigé par le général Augusto Pinochet. La dictature ainsi mise en place va durer seize ans (quand même ouais !) et ce régime sera marqué par de multiples violations des droits de l’homme (plus de 3 200 morts et “disparus”, autour de 38 000 personnes torturées, plusieurs centaines de milliers d'exilés). C’est dans ce contexte que Carla Guelfenbein place son histoire, Diego, le père donc, est un homme avec des idéaux qui, en tant que proche du Président Allende, se retrouve du jour au lendemain en grand danger car qualifié de “dissident communiste”. Morgana est entraînée avec lui dans cette vie clandestine où il faut se cacher sans cesse, porter un autre nom, cette vie qui n’en est pas une, juste une fuite perpétuelle où on ne peut plus se fier à rien ni à personne. Et forcément ça se termine mal.
La seconde raison qui fait que j’ai aimé ce livre, c’est l’écriture délicate et tout en nuances de Carla Guelfenbein qui a su décrire avec finesse le sentiment amoureux et toute sa palette de nuances, l’amitié, la sensualité, la tendresse, mais aussi la jalousie, la rage et finalement la beauté et la simplicité du pardon. Elle mêle avec bonheur les destins individuels de ses personnages et les soubresauts de l’Histoire en nous rappelant que tout cela est inextricablement lié, qu'on le veuille ou non...


Une p'tite phrase au hasard : 

"Elle comprit que ce n'était ni la mémoire, ni l'amour, ni même la haine qui vous rendent libre, mais l'oubli."


Quatrième de couverture : Toute à sa joie de présenter son amie Morgana à un père qu’elle vénère, Sophie est loin d’imaginer la triangulation funeste qu’elle s’apprête à provoquer. Rapidement, ces deux-là partagent bien plus que leur affection pour elle – comme va en attester l’enfant à naître.Anéantie par la trahison, Sophie coupe les ponts et rejoint sa mère en France alors même qu’en cet été 1973, à Santiago du Chili, le monde s’écroule. Mort d’Allende, état de siège : Morgana et Diego entrent dans la clandestinité et connaissent des moments d’intimité furtifs sous le fracas des hélicoptères et des détonations. Mais dans un guet-apens, tous deux sont tués. Conduite en Espagne, leur enfant est sauvée in extremis de l’enfer.Le 11 septembre 2001, les images d’un avion qui perfore la surface verticale et sombre d’une tour à New York réactivent chez Sophie les souvenirs du palais du gouvernement en flammes vingt-huit ans plus tôt, à Santiago. Elle comprend alors qu’il n’est d’oubli sans pardon, ni pardon sans vérité. Et elle se lance à la recherche de cette enfant abhorrée – sa demi soeur – qui, seule à présent, peut lui donner le goût de vivre.Dans une prose orageuse et sensuelle où les spasmes des corps répondent aux convulsions de l’Histoire, Carla Guelfenbein affronte le Chili de sa jeunesse et des grands rêves brisés.

Chili 1973

Commentaires

  1. Une auteure qu'il faudra que je lise... (j'ai en stock "Ma Femme de ta vie") mais celui-là, cette relation triangulaire sur fonds d’événements de politique chilienne, me fait également envie...

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    1. C'est en effet une lecture très agréable ... je compte en essayer d'autres de cette auteure.

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