L’archipel d'une autre vie, Andreï Makine

L’archipel d'une autre vie, Andreï Makine


Au moment de la sortie de ce livre, j'ai vu Andreï Makine à la Grande Librairie. D'abord, je me suis dit qu'il ressemblait vraiment à un agent secret. Impressionnant. Après, quand il a commencé à parler, j'ai moins fait la maligne. Impressionnée. J'ai donc noté le livre dans un coin de ma tête, et il y est resté bien sagement jusqu'à samedi dernier, jour où je suis tombée dessus lors d'un passage en librairie.
Je l'ai feuilleté et là, tout de suite, j'ai su qu'il me fallait le lire : moi aussi j'avais besoin de comprendre comment cesser de simplement exister pour enfin se mettre à vivre... Et s'il fallait pour cela partir en quête d'un archipel perdu je ne    sais trop où, eh bien soit, qu'à cela ne tienne, je ferai ce qu'il faut.

Depuis, vous pensez bien, je me suis documentée et j'aime autant vous prévenir : ce chemin jusqu'à l'archipel, c'est pas vraiment une partie de plaisir, oh que non ! Je sais pas vous, mais moi généralement, quand je pense à un archipel, je m’imagine un truc à base d'eau turquoise, de sable blanc et de cocotiers s'agitant doucement sous les alizés, et là, pas du tout, rien à voir, l'archipel en question est fait d'un tout autre bois. Les Îles Chantar se situent dans la mer d'Okhotsk (essayez de le dire à voix haute juste pour voir ^^), au large des côtes de la Sibérie orientale. Oui, vous avez bien entendu, la Sibériiiiiiie ! Tout de suite ça pose les choses, hein, tout de suite on sait qu'on peut dire adios aux mojitos et aux cocotiers, et qu'on se rapproche plutôt de l'Archipel du Goulag…
Et on ne pense pas si bien dire. Parce que le Goulag, on est en plein dedans, enfin pour être exacte je devrais plutôt dire on est en plein dehors, puisque ce que nous raconte Andreï Makine, c'est une histoire d'évasion. Une fuite et une course poursuite, une traque sans répit à travers les espaces infinis de la taïga. Poursuivre et partir à la suite, la différence est subtile mais vous la verrez (et si vous êtes comme moi, vous aurez envie de suivre aussi).
Je ne vais pas trop en dire car il y a des choses dans cette histoire qu'il est bon de découvrir en temps et en heure mais sachez que je vous recommande vivement de prendre votre boussole et de partir sans plus tarder sur les traces de Pavel et Elkan, le voyage est inoubliable. Ah non, en réalité vous pouvez laisser la boussole à la maison, elle ne vous servira à rien : une anomalie magnétique se plaît à brouiller les pistes autour des Chantars, il faudra donc que vous cherchiez cet archipel là où il se trouve : au plus profond de vous…

Voilà, vous avez vu, je suis tombée sous une tonne de neige euh, non, sous le charme de Makine, il m'a ensorcelé avec son mystère et sa poésie, sa façon d'explorer la nature et l'homme - la nature de l'homme aussi - et vraiment, il m'a donné envie de le suivre jusqu'au bout du monde, sous le ciel étoilé et froid de la taïga, les yeux grands ouverts pour essayer de trouver le triangle de feux, cette “constellation de leur ciel à eux” (même que maintenant je rêve moi aussi d’allumer mes trois feux…)
Alors faites moi plaisir, n'attendez pas l'hiver, allez-y !


La phrase qui m'a clouée : 


Il y avait juste le silence ensoleillé de la rive que je longeais, la transparence lumineuse du ciel et le très léger tintement des feuilles qui, saisies par le gel, quittaient les branches et se posaient sur le givre du sol avec cette brève sonorité de cristal. Oui, juste la décantation suprême du silence et de la lumière." 


Quatrième de couverture : Aux confins de l’Extrême-Orient russe, dans le souffle du Pacifique, s’étendent des terres qui paraissent échapper à l’Histoire…Qui est donc ce criminel aux multiples visages, que Pavel Gartsev et ses compagnons doivent capturer à travers l’immensité de la taïga ?C’est l’aventure de cette longue chasse à l’homme qui nous est contée dans ce puissant roman d’exploration. C’est aussi un dialogue hors du commun, presque hors du monde, entre le soldat épuisé et la proie mystérieuse qu’il poursuit. Lorsque Pavel connaîtra la véritable identité du fugitif, sa vie en sera bouleversée.



Forcément quand je pense à la possibilité d'une autre vie, je pense à l'expérience Into the Wild. Et forcément je pense à Eddie Vedder 🎶 (et je kiffe)






Commentaires

  1. C'est très imagé en plus, j'ai lu la citation, il y a eu plein de couleur dans ma tête, de lumière, on pourrait même en peindre un tableau (il ne faut pas s'étonner si j'ai un discours de peintre, je suis en plein dedans en ce moment). Je l'avais déjà vu mais je ne me suis pas attardée, il y a le Grand Marin aussi qui me fait penser à ce livre. Du coup j'achèterai les deux en même temps.

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    1. Moi aussi je vois souvent des images dans les livres où il n'y en a pas. Je ne m'étonne donc pas du discours de peintre (et même si tu as envie de peindre, j'ai emménagé il y a 15 mois, commencé à peindre et laissé tout en plan quand j'ai fini le pot. Je viens de racheter de la peinture, donc si tu veux t'exprimer 😝...).
      Pour ma part, ce Makine me fait plutôt penser à une estampe parce qu'il faut un peu creuser dans le sol givré pour obtenir quelque chose. On verra si tu le vois comme ça aussi.
      Le Grand Marin, kesako ? Je vais aller voir ça...

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    2. c'est vraiment génial d'être clouée comme ça. Perso, je le suis depuis quelques polars du côté de chez James Lee Burke

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    3. J'espère que ce n'est pas trop douloureux, d'être cloué comme ça depuis quelques livres ;)

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  2. Plus je lis cette citation, plus je l'admire. Sublime, le kif. En plus, j'ai toujours une bouteille de vodka au fond de mon congélo... C'est dire que je suis toujours prêt pour découvrir des aventures slaves et glacées, comme ma vodka...

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    1. Pareil. Je te donne livre soit, mais je garde la citation. De temps en temps je la mélangerai à un verre de vodka pour admirer ce que donne la décantation.

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  3. Tiens, j'étais passée à côté de ce livre... bien évidement que je le note et promis j'essaie de ne pas attendre l'hiver pour me le procurer

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