Ce qui a dévoré nos cœurs, Louise Erdrich

Ce qui a dévoré nos cœurs, Louise Erdrich

Aïe aïe aïe, je dois commencer direct par avouer un truc… J’ai lu un autre livre après celui-ci - avant de démarrer ce billet - et je m’aperçois avec effarement qu’il ne me reste pas grand chose de cette lecture. Si ça se trouve, que ce qui a dévoré nos cœurs a également dévoré ma mémoire ? à moins qu’il ne s’agisse d’un cas rare de contamination à l'Alzheimer par voie électronique ? Dans tous les cas, c’est flippant et quoi qu’il en soit, on est mal ^^ 

Bon, mais qu’à cela ne tienne, le free style ça me connait ! Je suis capable de blablater pas mal de temps pour dire pas grand chose au bout du compte, je vous assure, c’est pas pour rien que j’avais toujours des supers notes en philo. Tenez, même une fois j’ai eu un 19, et là, sérieux, je pense que le prof devait avoir des idées derrière la tête, ça n’existe pas 19 en philo en terminale, nan mais quel vieux vicieux ! Heureusement, j’avais déjà l’esprit avisé et je ne suis pas tombée dans le panneau. Pfffiou quelle histoire ! Pour les curieux qui aiment bien tout savoir et surtout les détails croustillants, ce prof avait des mains de pianiste mais une tête d’alcoolo et au final il s’est quand même tapé une fille de ma classe, Françoise qu’elle s'appelait, même qu’elle a eu un 20 une fois. Après il s’est fait virer. Bien cliché ce truc, mais 100% véridique. Ensuite Françoise est partie un an en Inde, dans un āshram, je l’ai perdue de vue, et quand elle est revenue je l’ai croisée juste une fois à une soirée bien zarbi dans un grand appartement chez des gens que je ne connaissais pas, soirée dont je n’ai pas beaucoup de souvenirs sauf elle avec sa grande robe et son machin en forme de goutte sur le front, même qu’elle m’en a collé un aussi. Elle dansait super bien Françoise. Bref, aucun rapport avec ce qui a dévoré nos cœurs, vous voyez que je sais bien meubler ?

Bon, mais rassurez-vous, je ne vais pas vous parler plus longtemps de mon étourdissante scolarité et j’ai quand même quelques petites choses à raconter à propos de ce roman de Louise Erdrich. Déjà, pour commencer, je dois dire que j’ai été fascinée par la profession de Faye et de sa mère, j’adorerai faire ça, vraiment, farfouiller dans les vieilles maisons et les affaires des gens pour en dresser l’inventaire dans le cadre de successions. Merveilleux ! J’ai déjà beaucoup réfléchi à ça, comment au final tout se résume à une sorte d’inventaire, comment on est bien peu de chose (comme mon amie la rose) et comment les objets qui restent et qui ont vraiment du sens tiennent en si peu de place (et pour aller jusqu’au bout comment ce sens lui-même va en s’amenuisant avec le temps…) 
J’ai déjà testé et vous ne pouvez même pas imaginer la quantité de choses qui peuvent rentrer dans une boîte à chaussure, et comment ladite boîte à chaussures peut prendre elle-même si peu de place au fin fond d’un placard (surtout que je chausse du 36, ça fait de petites boîtes hein)…

C’est d’ailleurs pour ça que je partage totalement la philosophie (tiens la philo, vous voyez on y revient lol) de Faye, à savoir éviter au maximum de s’encombrer avec des objets, 
“c’est le rappel constant de notre mortalité qui nous retient. L’inutile vanité consistant à s’accrocher à quoi que ce soit est, évidemment, toujours là devant nous. S’efforcer de posséder quelque chose d’une valeur phénoménale nous paraît en général absurde, vu notre propre biodégradabilité.”
Clap clap clap, permettez-moi d’applaudir, je n’aurai pas su mieux dire ! 

Et Erdrich frappe plus fort encore en évoquant une des rares fois où Faye a envie de récupérer et de garder quelque chose d’une succession : 
“un coffret de bois contenant ce qui semblait être des mouchoirs enveloppés dans du papier de soie, uniquement des mouchoirs, marqués aux initiales de la propriétaire, L.M.B.”
et devinez quoi ?
“Épinglé à chaque mouchoir en coton, en batiste, bordé de dentelle ou brodé, ai-je constaté, il y avait un morceau de papier soigneusement découpé. J’ai évidemment examiné les papiers. C’était à chaque fois une étiquette portant une date notée d’une écriture féminine. Un nom ou des noms étaient inscrits. Et puis des événements. Baptême de Teddy. Mariage de Venetta et John Howard. Et puis, obsèques de Teddy. Veillée funèbre de Frère Admantine. Premier opéra, La Traviata. Mariage. Bras cassé. Et tout en bas de la pile, peut-être le premier mouchoir ainsi conservé et l’ancêtre de la collection, un petit carré d’étoffe, ayant appartenu à un enfant, maladroitement marqué des initiales et étiqueté Obsèques de ma Mère.” 
Alors là, vous voyez, je ne peux même plus applaudir, je reste sans voix... “Cette boîte contenait les larmes de toute une vie de femme”. Que voulez-vous que je dise après ça ? Je pourrais faire du mauvais esprit et dire que ce n’est plus de nos jours de ça arriverait vu que les gens utilisent des saloperies de Kleenex, je pourrais aussi faire une petite pirouette et dire que finalement je n’ai pas tout oublié de cette lecture, oh non pas l'essentiel, et d’ailleurs j'ajoute que s’il y avait une seule chose à retenir de ce roman, je choisirais ça (bon c’est ce que j’ai fait). Sacrée leçon non ? 

Voilà, j’ai vraiment bien aimé ce livre au démarrage, vers les trois quart j’avoue que je me suis un peu perdue, c’est devenu plus flou, je me suis embrouillée quelque peu. Peut-être parce que j’étais malade ce week-end ? On s’en fiche, il me reste tout de même une assez forte impression et pas mal de grain à moudre dans ma petite tête.

Je vais m’arrêter là, c’est déjà assez long pour quelqu’un qui n’a soit-disant pas grand chose à dire, je ne voudrais surtout pas vous effrayer ;) 



Quelques autres réminiscences ? C'est par ici.



Quatrième de couverture : Chargée de procéder à l’inventaire d’une demeure du New Hampshire, Faye Travers remarque parmi une étonnante collection d’objets indiens du xixe siècle un tambour rituel très singulier. Émue et troublée par cet instrument, elle se prend à l’imaginer doté d’un étrange pouvoir : celui de battre au rythme de la douleur des êtres, comme en écho à la violente passion amoureuse dont il semble perpétuer le souvenir... Avec Dernier rapport sur les miracles à Little No Horse et La Chorale des maîtres bouchers, Louise Erdrich a imposé son regard insolite et son univers poétique parmi les plus riches talents de la littérature américaine. Une oeuvre qui ne cesse de se renouveler et de surprendre.Une très grande dame des lettres américaines. Lire.Une des rares grandes voix de la littérature américaine à construire un édifice romanesque d’une complexité comparable à celle de Faulkner. Le Point.



Celle-là dès que je l'écoute ça tourne en boucle dans ma tête plusieurs jours... (mais je chante si maaaal)

Commentaires

  1. Je ne m'attache qu'à mon décapsuleur. Alors, dans ma boite à chaussures, l'unique objet possessif de mes obsessions serait ce décapsuleur et mes silences. Alors vu la taille de la boite, je chausse du 46, il y a de quoi bien la remplir de mes silences.

    Sinon, je n'ai jamais lu Erdrich alors je n'en parlerai, je suis pas du genre à blablater, j'ai jamais dépassé par hasard ou chance les 11... Mais j'aurai bien aimé avoir une prof de philo qui me mette un 19 et qui attende plus de moi. Mais bon, je ne me souviens même plus de sa tête, si elle était plus du style pianiste ou alcoolique. Enfin peu importe, de toute façon à l'époque je ne devais pas être très mélomane.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. 46 x 4 ... ça en fait de la place en effet.
      Tu vas pouvoir envisager de démarrer une collection de décapsuleurs, tranquille peinard.

      Supprimer
    2. un seul décapsuleur me suffit dans ma vie.

      Supprimer
    3. Ça c’est plutôt classe.

      Supprimer

Enregistrer un commentaire